Mes bagages ne contiennent ni cahiers, ni crayons …
Par choix, je n’emmène pas de fournitures scolaires pour les élèves du centre dans lequel je serai en mission ! Cette décision n’a rien à voir avec une quelconque forme d’indifférence envers les malgaches que je vais rencontrer mais correspond plutôt à un désir de ne pas soutenir cette forme de solidarité qui a ses ambiguïtés. Je ne possède pas de réponse toute faite à cette question, juste des intuitions que j’ai envie de vous livrer ici …
J’espère que ce voyage sera l’occasion de riches rencontres. A chaque personne rencontrées, j’ai envie de dire « Je suis heureuse de te rencontrer, Toi. Toi, parce que tu es unique, parce que tu es précieux ». Or, un « riche français » offrant un crayon le fait certes avec un grand cœur, mais j’ai peur que ce geste ne renforce un sentiment de dépendance voire d’infériorié chez le receveur. « La main qui donne est au dessus de celle qui reçoit » !
J’ai préféré trouver un coin de ma valise pour de petites choses à partager et échanger : des crêpes bretonnes, des jeux de société, un album photo sur ma vie en France, des livres, de la musique. Le don fait alors partie de la relation.
Par ailleurs, ce même crayon aurait pu être acheté sur place et ainsi créer de l’activité économique locale. De quoi vivra le marchand de crayons si j’en apporte en masse ?
Malgré tout, je sais que la priorité d’un enfant qui a à peine de quoi se nourrir n’est pas d’acheter un cahier et un crayon…alors qu’il a lui aussi le droit d’apprendre. Des besoins d’urgence existent ! Cependant, je ne les connais pas ! Je crois qu’un voyageur se doit d’agir avec humilité ! Ainsi, j’ai décidé de prendre le temps d’observer, de discuter avec le personnel du centre, avec les enseignants, avec les jeunes pour ensuite tenter d’analyser ces besoins.
J’ai alors la chance de pouvoir profiter de l’arrivée d’Hélène et de Lilian le 5 janvier, pour peut-être leur demander de remplir leurs valises en fonction de ces besoins !! Dans ce cas, nous serons vilgileants quant au choix des personnes à qui nous confierons ces dons pour qu’ils sachent les répartir. Faire des dons individuels ne rend service à personne et entretient des inégalités entre les receveurs.
Je ne blâme pas ici la générosité des donateurs. Je serai sans doute moi aussi confrontée à des situations de pauvreté qui me toucheront. Alors, je crois qu’ il appartient à chaque voyageur de réfléchir puis d’agir à la fois avec son cœur et avec sa tête !