Paroles de Vasaha Céline

Publié le par letourdemadagascaren134jours

Chers français, un mois « d’absence » sur le blog, notamment parce que je suis partie sur la côte nord-est pendant les vacances de Noël … « road trip » que je vous raconte dans cet article. Je suis maintenant accompagnée de mes deux amis, Hélène et Lilian, venus pour deux mois partager cette aventure malgache!  Avant ça, je m’arrête rapidement sur les fêtes de Noël qui se vivent différemment ici! Hélène a aussi posté un article, vous pourrez ainsi percevoir nos différentes approches, nos différents ressentis sur cette expérience qui débute pour eux et continue pour moi. Bonne lecture!

Les vacances ont débutées par une superbe fête au centre, le 23 décembre! Tout le monde se plie en quatre pour offrir une journée de Noël aux enfant, c’est beau à voir!  Après une messe dans la cour avec danses et chants, repas partagé, spectacle de marionnettes sur le thème du droit des enfants pour finir par une boum avec les enfants !!! Pour l’occasion, les élèves ont un repas avec de la viande. Pour la plupart, c’est extrêmement rare. A la fin du déjeuner, c’est avec un immense sourire que chaque enfant reçoit un petit paquet de bonbons. Les caméras de la chaine TV locale sont là. Je me cache car, pour l’occasion, j’ai eu le droit à ce que la couturière du centre me confectionne un tailleur gris, comme tous les membres du personnel du centre. « L’espèce qui survit le mieux est celle qui s’adapte le plus » disait Darwin …!!! Cela ne m’a pas empêché de danser avec les élèves d’alpha avec qui j’avais préparé une chorégraphie ainsi qu’avec mes élèves lycéens! Une magnifique journée, encore une!

Le soir du 24 décembre, je voulais voir la messe de Noël à la cathédrale d’Antsirabé. Avant la cérémonie, chaque chorale de plusieurs quartiers de la ville nous  a chanté des chants de Noël, c’était joli. Après une dizaine de coupures de courant dans l’église, on a pu commencer pour environ 3h de cérémonie avec danses et chants dynamiques! L’église était pleine à craquer… La quasi-totalité des malgaches sont croyants et pratiquants. Ils ne comprennent pas quand je leur parle de l’athéisme qui est très présent chez nous. Surpris, ils me répondent souvent: « Mais, c’est pourtant vous qui avez amené la religion catholique à Madagascar »!!

 

Le 25 décembre, j’ai très vite réalisé que c’était le jour de Noël quand une collègue m’a téléphoné à 5h45 pour me souhaiter un joyeux Noël et qu’une autre est arrivé au centre à 6h3O! Matinaux ces malgaches, c’est incroyable! La plupart d’entre eux se lèvent vers 4h du matin mais ils sont souvent couchés vers 20h, 20h30, se calquant beaucoup plus sur le rythme du lever et du coucher du soleil. L’absence d’électricité dans beaucoup de maisons doit être une des principales explications!

Pour le midi du 25 décembre, j’étais invitée chez la famille de Haja. Cette famille est assez aisée car Haja est co-directeur du centre et sa femme est directrice d’un collège. Ils ont 4 enfants. Chaque enfant a eu un cadeau par leurs parents. Dans certaines familles, ils disent que le père-noël existe … dans les pays du nord !!!!!!!!!!!!!! Un peu dur à digérer pour des enfants.  Ensemble, nous avons fait un gâteau au chocolat. Pas de four, nous l’avons cuit dans une marmite avec du charbon en dessous et au dessus! En 5minutes, le tour était joué et c’était une réussite!  Une ambiance familiale et sympathique! Musiques de Noël, jungle speed pour finir la journée! Un Noël simple et magique!

Le 26 décembre, il est 4h45, le jour commence à peine à se lever.  Le taxi brousse vient me chercher au centre, direction Tamatave, avec Noro pour un périple d’une dizaine de jours sur la côte nord est de l’ile. Volontairement, j’avais seulement prévu que nous irions à Tamatave puis à Ampasimbe, un village de brousse où vit Gérard, un ami français de ma maman. Pour le reste, j’avais des envies, des idées mais rien de fixe. Je me doutais que les rencontres, les discussions avec les gens que nous allions rencontrer nous mèneraient ici et là et qu’il fallait gouter à cet imprévu. Je ne m’étais pas trompée …

Arrivées à Tamatave, le soir tombé, Rico et son père nous attendaient au stationnement des taxis brousses.  Rico et son père sont de la famille de Sœur Yvonne par alliance. Là, nous montons dans un taxi qui nous emmène sur une piste … de sable! L’océan Indien n’est pas loin … nous le verrons demain… Nous arrivons dans la famille. Là, c’est l’immersion au cœur de la vie d’une famille malgache … c’est magique! Leur maison est faite avec « l’arbre du voyageur ». Cet arbre, qui pousse beaucoup dans la région côtière au climat tropical humide est exclusivement utilisé pour la construction des maisons. Les feuilles servent pour le toit, les tiges tressées forment le mur et les planches de bois sont utilisées pour la fabrication du plancher. Ces maisons sont « souples » et donc adaptées aux dures réalités climatiques de la côte est, très souvent exposée aux cyclones.  Le plat de riz nous attend, Claudine la maman nous montre l’endroit où nous pouvons nous « baigner » …  il s’agit d’un sot d’eau dans un coin du jardin. Il fait tellement chaud, c’est très agréable. Cependant, à chaque fois que je vais dans des familles, ils sont gênés au moment de me montrer les sanitaires. Eh oui, les toilettes se résument souvent à un trou au fond du jardin. Comme l’a dit un malgache que j’ai rencontré quelques jours après, « il faut être un vrai géographe pour pouvoir viser » !!!!! En toute sincérité, je leur dis toujours que tout ça est très bien et suffisant. Néanmoins, ce complexe est bel et bien réel et flagrant chez tous les malgaches chez qui j’ai été accueillie.

 Claudine a eu huit enfants et a déjà cinq petits enfants. Les quatre premiers sont nés d’un premier mariage jusqu’au jour où le courageux et fidèle papa a préféré laissé maman et enfants seuls. Elle s’est mariée une seconde fois et a eu quatre autres enfants à nouveau. L’histoire de Claudine est celle de très nombreuses femmes malgaches. Je suis vraiment impressionnée par le nombre de femmes seules, lâchement abandonnées par leur mari et le père de leurs enfants. J’en parlais avec un enseignant qui assure des cours de morale en lycée. Il me disait qu’ils allaient très prochainement évoquer le mariage, mais davantage dans sa définition juridique et non dans le sens de l’engagement et de la responsabilité face à la fondation d’une famille. Ce phénomène est vraiment un fléau à Madagascar! Malheureusement, ce problème ne semble pas s’améliorer d’une génération à l’autre. Trois des cinq petits-enfants de Claudine vivent chez elle. Par exemple, les parents de David avaient à peine 17 ans quand leur enfant est né.  Alors que David avait un an et demi, ses parents l’ont laissé chez sa grand-mère pour « vivre leur jeunesse » …! Les larmes de cet enfants lorsque Noro et moi sommes parties sont bien révélatrices d’un manque d’affection et d’une crainte de la séparation. Malgré toutes ces dures réalités, ça sent le bonheur dans cette famille!  Improvisation d’un jeu avec les enfants, photos avec nos lunettes de soleil pour jouer aux stars… Ces moments simples font partis des meilleurs souvenirs de mon voyage!

« De bon matin », pour reprendre cette expression beaucoup utilisée par les malgaches, nous traversons Tamatave pour aller voir l’océan indien et le port. Tamatave ne ressemble pas à Antsirabé. Ici, les palmiers et les cocotiers bordent des rues larges et très abimées par les pluies à répétition et les cyclones. On dit souvent que la côte est connait deux périodes: « la saison des pluies » et « la saison où il pleut » mais je peux vous assurer que cette pluie est accompagnée de beaucoup de soleil! La chaleur devait avoisiner les 35-40 degrés ! Sur ces routes circulent des cyclo-pousses. A la différence d’Antsirabé, les tireurs de pousses pousses  sont à vélo et non à pied. La symbolique est totalement différente et j’étais  beaucoup plus à mon aise!

Les pieds dans l’océan Indien … on en restera là, les requins rodent un peu plus loin sur les plages de Tamatave! L’après-midi, nous visitons le port. Il s’agit du plus grand port du pays. Il ne se visite normalement pas mais l’oncle d’une collègue y travaillant, nous avons réussi à entrer et à avoir une visite guidée! Très instructif et encore une fois, écœurant de voir des malgaches décharger d’immenses sacs de riz arrivant tout droit d’Asie! Les silos remplis de riz sont énormes … pas étonnant quand on sait que les malgaches en mangent trois fois par jour! Cette céréale est la base de leur nourriture. Au début de mon voyage, j’avais tendance à comparer le riz à notre pain! Erreur! Les malgaches pensent qu’ils peuvent remplacer le manque de qualité de leur alimentation par la quantité! Faux, complètement faux! Ils  pourraient varier un peu leur nourriture avec du maïs, des pommes de terre sans parler des très nombreux fruits qui poussent sur l’ile. Cependant, le riz prime toujours! Je ne crois pas que le problème soit financier mais qu’il s’agit plutôt d’une habitude très ancrée dans la tête de tous les malgaches!  En conséquence, la malnutrition fait rage à cause de carences! Par exemple, un vieil homme avec un goitre  mendie dans Antsirabe … pas vraiment étonnant!!

Après Tamatave, direction Fénérive est, en longeant la côte est vers le nord. Les paysages le long de la route sont magnifiques! Forêt épaisse et très humide, montagnes plongeant directement sur la côte. Des paysages à couper le souffle! Les trajets en taxi-brousses sont longs mais font partie du voyage … surtout quand le conducteur dépasse de gros camions en plein virage, qu’il se met en roue libre dès qu’il y a une légère descente, qu’il clackson mais ne freine pas quand un troupeau de zébus traverse la route …  Là aussi on coupe son souffle !! Il n’est pas rare de voir des taxi-brousses renversés sur le bord de la route! Gérard, l’ami prêtre français de ma maman, a par exemple eu un accident de taxi-brousse, il y a quelques années! Le camion qui les a heurtés roulait vers Antananarivo pour … faire réparer ses freins !!!! La corruption a aussi sa part de responsabilité dans ces nombreux accidents! Quand un billet est glissé entre le permis et la carte grise, la police ne prend pas le temps de regarder l’état de la voiture! L’intensité du  travail d’un policier malgache serait comparable à celle d’un postier français sur une plage de la Baule! Ils sont partout mais je n’ai toujours pas compris à quoi ils servaient! On se fait arrêter tous les 30 kms environ. Là, un des trois flics de la bande se lève et avec nonchalance, « vérifie les papiers » et fait semblant de regarder le véhicule. Quand on est inutile à ce point, forcément, on s’ennuie! En plus, les pauvres petits choux ont chaud quand ils restent postés au bord de la route toute la journée! Anecdote absolument énorme: Un jour, Gérard se fait arrêter en moto et là … les deux gendarmes se plaignent de la chaleur et lui demande de leur apporter … de la bière !!!!!!!!! L’éthylotest? Inconnu pour les malgaches!

Nous avons rejoins Gérard à Fénérive est, une petite bourgade de la côte. Découverte d’une magnifique cathédrale entièrement construite en palissandre, d’un petit port de pêche … Puis, départ vers Ampasimbe, le village de brousse où il vit. Fini le goudron, on monte sur la moto (sans casque, évidemment!), il n’y a que de la piste pour y arriver! Ampasimbe est un petit centre économique qui vit principalement de la culture du girofle. Les girofliers n’ont jamais autant produit « depuis 100 ans » aux dires des cultivateurs malgaches. Cette année, des familles se retrouvent avec des salaires parfois multipliés par 10 !. Malheureusement, très peu de malgaches ont été habitués à gérer l’argent et encore moins à économiser. Alors, ils le dépense sans compter. Des taxis brousses arrivent pour livrer les gens de « salons girofles ». Plus loin, une mélodie retentit, elle sort d’une « radio girofle », les familles s’équipent de « matelas girofle » … c’est l’euphorie! Je ne juge pas ce comportement qui est certes dommage mais compréhensible! Petit à petit, je découvre à quel point la notion du temps est différente selon les cultures, selon les pays. Quand le présent est incertain, le futur est souvent très lointain. Ici, on ne prévoit pas, on ne se projette pas. Alors, j’essaye de m’adapter mais je me permets maintenant de bousculer un peu certains collègues car le mot « organisation » manque au vocabulaire malgache et bloque la mise en œuvre de projets constructifs et durables, pour l’avenir!

Bien accrochée sur la moto de Gérard, nous partons rencontrer des pêcheurs dans un petit village au nord de Fénérive, sur la route de  Soanira Ivongo. Gérard et Patrick son collègue prêtre voulaient simplement écouter et échanger avec ces pêcheurs pour tenter de les comprendre pour les accompagner à coopérer, s’entraider voire mettre des projets en œuvre. Assis sur le sable face à l’océan Indien, les petits bateaux de pêche rentraient chacun leur tour au port et les pêcheurs venaient agrandir le cercle de discussion. A la fin, la quasi-totalité du village devait être présente!! Cet échange fut passionnant et très instructif! Lorsque les prêtres leur ont demandé quels étaient leurs principaux besoins, leur souci premier a été très clair. Ils ont tous évoqué le sauvetage en mer. Malheureusement, beaucoup de pêcheurs périssent dans l’océan du fait d’un mauvais équipement mais aussi à cause d’une absence d’organisation de sauvetage. Outre cette découverte j‘ai pu constater une nouvelle fois les ravages de l‘assistanat que l‘on peut parfois reprocher à l‘humanitaire. Comme nous étions deux « blancs » , les pêcheurs nous ont clairement dit « comme vous êtes là pour nous aider, nous voudrions … ». Très vite, Gérard a rectifié en leur disant qu’ils étaient là pour les « accompagner à s‘entraider » ! Nuance de taille! Encore une fois, nous étions vus comme des « vaches à lait« ! Tout de suite, le groupe des pêcheurs nous a demandé un bateau à moteur … avant d‘envisager l‘achat groupé de gilets de sauvetage! J’ai énormément apprécié les discussions que j’ai eu avec Gérard, ce prêtre français qui vit avec le peuple malgache depuis 2006. Je l’ai d’abord trouvé dur quand il m’a dit que les malgaches avaient un côté « enfant »! Cependant, j’y entrevois cependant une part de vérité, malheureusement. Ils attendent l’aide, donnent rarement leur opinion. Je ne généralise pas ni ne les blâme mais c’est un obstacle certain pour que le pays avance! L’indépendance est récente et effective seulement petit à petit. Les aides extérieures ressemblant à de l’assistanat sont sûrement nombreuses, trop nombreuses. Il faut savoir lâcher petit à petit la main d’un enfant pour qu’il devienne adulte!

Au bout de deux mois, je crois que j’ai « retiré de l’eau de mon vin »! C’est difficile de jongler entre l’adaptation, l’humilité dans certaines situations et l’implacabilité et l’intransigeance dans d‘autres! A titre d’exemple, les malgaches croient dur comme fer aux sorcières. Par exemple, lors de notre voyage avec Noro, j’ai voulu ouvrir la fenêtre de notre chambre pour pouvoir dormir malgré la chaleur! Noro n’a pas voulu car elle avait peur des sorcières!! Noro a 39 ans et est mère de 2 enfants! Certes, moi aussi je crois qu’il y a des gens qui savent guérir par exemple. Nous ne maitrisons pas tout et certaines personnes sont douées de dons. Par contre, je pense que tout ce qui est lié au maléfisme devrait être proscrit! Une voisine de 14 ans de Gérard s’était coincé une arrête de poisson dans la gorge. Sa santé se dégradait de jour en jour à cause de ça. Cependant, ses parents ont refusé de l’emmener voir un médecin, persuadés que le sorcier du village pouvait sauver leur fille. Elle en est morte. A l’inverse, beaucoup de malgaches ont une connaissance précise des vertus médicinales des plantes de leur pays et le développement de cette médecine est parfois bridé par l’importation de la « médecine classique occidentale »! Gérard me racontait une anecdote très révélatrice et très drôle par la même occasion … Un jour, une femme malgache devait se faire arracher des dents. Le praticien lui demande: « anesthésie locale »? Elle lui répond alors: « Oh non, anesthésie d’importation »!!!! Personnellement, je crois donc qu’il faut encourager cette médecine locale mais ne pas la lier à des croyances malsaines liées au maléfisme.

Pour la suite de notre périple côtier, direction l’ile de Sainte-Marie. J’avais décidé de ne pas y aller après avoir lu les commentaires du guide du routard concernant la traversée en bateau. « Il y a parfois des morts »! D’autant plus qu’un bateau a chaviré le jour de Noël, au large des côtes nord de la grande ile et que le bateau d’une ministre revenant de cette ile a coulé le 28 août dernier. Inutile de vous dire que sans les encouragements de Gérard, nous n’y serions pas allées! Pourtant, nous n’avons pas regretté! Le bateau n’a effectivement pas été une partie de plaisir mais arrivées sur la terre ferme … Un coin de paradis nous attendait …! Plages de sable fin, cocotiers, palmiers, eau bleu turquoise et chaude entourée par la barrière de corail! Je n’étais plus sur le même pays… vraiment! A l’arrivée … anecdote du voyage! Je n’avais pratiquement plus d’argent sur moi (l’équivalent d’1,50€ !) et on m’avait dit qu’il n’y avait aucun problème sur l’ile car il y avait deux banques … Et là, impossible de faire fonctionner ma carte bancaire! J’ai du emprunter de l’argent pour le week-end à des amis malgaches de Gérard chez qui nous avons logé! La honte! Merci papa et maman … sinon, je serai toujours bloquée sur cette ile!!!! Avec cet argent qu’il me restait, j’ai acheté … une bouteille d’eau! Dans ce genre de situation, on se rend compte de l’essentiel!

C’est donc chez Euphrasie, une amie de Gérard que nous avons habité quelques jours, sur l’ile aux Nattes, ce petit point au sud de l’ile Sainte Marie. Pour y arriver, nous traversons un lagon en pirogue. Là, on reste bien assis au milieu et on se concentre sur le « grâce à Dieu » indiqué dessus pour garder confiance et enfin arriver sur ce petit endroit féérique et hors du temps!!!!! Euphrasie a ouvert un orphelinat qui est en partenariat avec une association bretonne. Une femme debout, qui connait les problématiques de son pays et qui agit avec conviction et pugnacité! Avant d’être en retraite, elle était le médecin mais aussi l’infirmière, la sage-femme de l’ile. Un jour, une petite Gilberte est née prématurément. Elle pesait 9OO grammes. Ses parents étaient prêts à l’enterrer. Euphrasie a cru en ce souffle de vie. Pendant deux mois, elle s’en est occupée en la mettant dans une boite entourée de deux bouteilles de coca avec de l’eau chaude qu’elle changeait toute les deux heures. Gilberte a aujourd’hui 13 ans et malgré un très léger retard mental, elle est en pleine forme! Une très belle histoire que j’avais envie de vous raconter …

C’est sur cette ile que nous sommes passées en 2012! Petit tour en discothèque pour constater que la réputation des iliens bien fêtards n’est pas un mythe! Cette ile révèle une nouvelle réalité puante qui sévit à Madagascar! De vieux  porcs « vasahas » se plaisent à tout plaquer de leur vie en France pour épouser une jolie malgache ayant trente ans de moins qu‘eux! C’est dégoutant et révoltant! Ils pullulent sur cette ile! Ces mecs ont leur villa au bord de la plage, leur bedaine, leur ricard et leur(s) femme(s) !! A l’inverse, parait-il que ces femmes se consolent en se ventant de réussir à manipuler cet homme en lui pompant son argent ! De toute façon, ça reste dégoutant de profiter de ses privilèges financiers de cette manière!

Malgré tout, il y a aussi des couples franco-malgaches qui semblent s’aimer, n‘exagérons rien!! J’ai par exemple rencontré un jeune « vasaha » alors que j’étais en train de faire la fête pour le réveillon! Et là, alors que je me crois au bout du monde, ce mec me dit qu’il est de   ….. Maure de Bretagne !!!!! Inutile de vous préciser que ça fait bizarre d’entendre « big up pour Saint-Thurial » alors que vous êtes en train de danser sur le dancefloor de l’ile aux Nattes !!!  Ce français vient régulièrement sur l’ile où il vit avec sa copine malgache, en toute simplicité et en toute sincérité, semble-t-il.

Cerise sur le gâteau, le 2 janvier, Aélis , la fille d’Euphrasie se mariait avec, devinez quoi … un vasaha! Noro et moi avons alors été invitées à un mariage traditionnel malgache! C’était super et fascinant! Au programme, danses traditionnelles et rituels comme le don d’une enveloppe d’argent à la famille de la mariée de la part de la famille du marié pour combler l’absence de la fille ou encore défilé d’invitées devant le marié avant qu’il ne déclare que c’est enfin sa femme qui est devant lui!

Il était alors temps de rentrer, Hélène et Lilian n’allaient pas tarder à arriver et Antananarivo n’était plus tout près! Arrivées à la capitale, nous avons dormi chez la famille du frère de Noro, Claudel. Ce dernier est infirmier anesthésiste et jouis d’une assez bonne situation. Pourtant, il habite dans une toute petite maison. Ce voyage me fait me rendre compte de la signification concrète de la densité de population. Par ailleurs, cela me fait me poser beaucoup de questions sur l’intimité dans ces maisons où tout le monde vit ensemble, où la douche et les toilettes appartiennent à 5 familles …

Encore une fois, nous avons passé des moments simples et sympathiques au sein de cette famille. Ce séjour a été rallongé par un retard de 24h de mes chers compatriotes français qui ont du attendre leur avion qui avait un problème technique à Miami! J’ai donc pu visiter le parc animalier de la capitale qui présente une gamme assez complète des espèces animales de l’ile. Lémuriens, crocodiles, serpents et autres petites bêbêtes … Pour rentrer dans ce parc, j’ai payé 10000 ariary alors que Noro a payé 400 ariary ! Eh oui, ici on pratique des prix élevés pour les vasahas et cette pratique est officielle. A l‘entrée, un panneau indiquait les tarifs pour les « nationaux » et ceux pour les « étrangers » ! Idem pour aller sur l’ile Sainte-Marie, j’ai payé 70000 ariary et Noro, seulement 30000 ariary ! Pourtant, nous avons pris le même bateau ! Cette pratique peut surprendre … mais en même temps, je trouve qu’ils ont raison d’en profiter !

L’après-midi, marché. Antananarivo n’est pas comparable aux capitales d’Occident qui veulent prouver leur puissance par la verticalité. A Antananarivo, les immeubles se comptent sur le doigt de la main. C’est une jolie ville, j’y retournerai …

Lilian et Hélène sont quand même arrivés, le 6 janvier. Nous étions heureux de nous retrouver et ça m’a fait drôle de revoir des gens de connaissance! Personnellement, je n’aime pas lorsqu’on me réserve un « régime vasaha » alors, je leur avait concocté une arrivée « à la malgache » pour commencer une immersion dans le pays, en authenticité! Taxi vers le stationnement d’où partent les taxi-brousse vers Antsirabé. Là, nous nous faisons alpaguer par des rabatteurs qui se jettent sur la voiture pour nous trouver un taxi-brousse et nous porter nos sacs! J’entends encore Lilian dire « je n’ai jamais été autant désiré de toute ma vie »! Les arrivées sont souvent « déroutantes » voire « violentes »! Nos deux voyageurs avalent leur premier plat de riz dans une gargote où les mouches font partie du décor! Nous attendons deux heures que le taxi se remplisse avant de partir! Ici, c’est « mora mora » ! Et c’est parti pour 3h de route vers le sud des hauts plateaux ! Nos deux voyageurs ont des yeux d’enfants… le « choc culturel » est grand !!!!!

Hélène a écrit un article décrivant ses impressions de leur première semaine malgache … je vais donc être plus synthétique (pour une fois !). Pour le premier week-end, nous sommes allés chez des collègues ! Encore une fois, immersion chez des familles malgaches ! Lilian et Hélène ont tout de suite remarqué que tout le monde s’arrêtait pour nous accueillir. Un accueil à la malgache ! Ils connaissent leur réputation et aiment répéter qu’ils sont accueillants mais c’est vrai ! Cette semaine, ils ont découvert les classes du lycée et les nouvelles classes que nous avons en collège. Nous préparons nos cours ensemble et avons commencé l’étude de la chanson de Maxime Le forestier  « Etre né quelque part » comme Hélène vous l’a dit. Nous avons pour l’instant travaillé sur les paroles d’après l’écoute de la chanson et nous commençons à débattre sur les différents thèmes qui s’y rapportent. Egalité des droits, migration, liberté, attachement à sa culture et à ses racines, racisme … les débats sont très enrichissants pour tous. Hélène, Lilian et moi sommes sortis outrés du cours avec la classe de 1ère S. Les élèves ont bien compris le sens de la phrase « Est-ce qu’on nait pareil ou pas ? » ! On est tous égaux … ils sont tous d’accord ! Et là, je leur pose la question piège car je me doutais de leur réponse … « Et seriez vous d’accord de vous marier avec quelqu’un ayant la peau plus noire que vous ? » Rires à volonté et réponse négative assez claire ! Par contre avec un « vasaha », pas de problème ! Je suis impressionnée par le racisme omniprésent au sein même de la population malgache. Par exemple, un racisme existe entre les gens des Hauts-plateaux (région du centre où se situe Antsirabé) et la côte. En se promenant sur Sainte-Marie, j’ai pu voir un rocher avec une empreinte ayant la forme d’un pied de géant. Noro faisant partie d’une ethnie des Hauts-plateaux que les saint-mariens ont tout de suite reconnue par ses cheveux lisses, elle n’avait pas le droit de voir ce rocher !! C’est ce qu’on appelle ici un « fady », c'est-à-dire un « interdit », l’ile en regorge !  

Hélène et Lilian ont aussi découvert Ampatana lors des visites de parrainage. Là, une autre facette d’Antsirabé nous est offerte ! La pauvreté fait rage, l’intérieur des maisons le révèle clairement … Du haut de ses 1m89, Lilian ne peut pas se tenir droit (comme d’hab’ en fait !) dans les habitations !

Petit tour à Betafo … sous la pluie, au lac Tritriva pour un peu de tourisme ! Les piste commencent à être difficilement praticable à cause de la saison des pluies, d’autant plus qu’un cyclone était de passage la semaine dernière.

Pour ce démarrage de la nouvelle année 2012, les nouveaux emplois du temps tardent vraiment à arriver. Le « mora mora » est encore de mise et c’est énervant ! A côté de ça, on rigole bien dans la « coloc » ! Conneries et délires à volonté ! Mon quotidien a complètement changé !! Je voulais arriver seule pour le côté « défi » et parce que, seule, on est forcé de s’intégrer et de se fondre dans une nouvelle culture, pas le choix ! Avec Lilian et Hélène, nous n’avons pas toujours les mêmes façons de ressentir et de percevoir les choses, c’est intéressant de confronter nos opinions ! Une toute autre facette de mon voyage commence, aussi passionnante sans doute !

Voilà deux mois que je suis là et j’ai pris le temps d’observer pour essayer de comprendre. Maintenant, il est temps d’agir pour que d’éventuels projets mis en œuvre le soient en notre présence pour qu’ils deviennent une habitude chez les malgaches avant que nous partions. Sinon, le risque est que ces projets s’évaporent en même temps que notre départ …A mon avis, il va falloir être très vigilants. Par exemple, le système à la cantine est très critiquable. Comme Hélène vous l’a décrit, certains élèves payent leur repas, d’autres ne le paye pas mais leur « dette » est marqué sur un carnet alors que ceux n’ayant pas de carnet et ne payant pas, ne payerons jamais! Il y a surement des situations chez certaines familles qui méritent d’être étudiées pour effectivement mettre en place une aide voire une gratuité du repas. Là, c’est surtout d’un manque d’organisation dont il s’agit. Ce système est inégalitaire et par conséquent, absolument pas éducatif! Avec Hélène et Lilian, nous venons d’imaginer un nouveau système que nous jugeons plus simple et plus efficace. Il est proposé, s’il est accepté, nous tâcherons d’accompagner sa mise en route pour tenter d’assurer sa pérennité.

Pour finir, très chers amis français, je vous souhaite à tous une Très belle année 2012! Bonheurs simples, rêves fous et projets audacieux! Tatran ny Taona!

Veloma et à bientôt pour la suite de l‘aventure!

Céline

 

 

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