L'aventure du trio continue

Publié le par letourdemadagascaren134jours

 

Bonjour à tous ! Voilà des  nouvelles de notre mission au centre et de la vie de notre petit trio ! Au programme, suite de l’aide au centre et démarrage d’actions mais aussi, « road trip » d’une semaine sur la côte, à la découverte du Moyen-Ouest (voilà pour les fainéants, vous savez le principal !)

Grâce à un bon travail d’équipe au sein de notre trio, notre « mission parrainage » touche à sa fin.  Nous avons continué d’arpenter le quartier d’Ampatana pour aller visiter les familles concernées par ces aides. Là, c’est toujours un défi pour obtenir une information. Il nous est arrivé de retourner voir certaines familles. D’une semaine sur l’autre, le métier d’un des parents a changé, le nombre d’enfants est passé de 6 à 8 (ils sont forts !)… Là encore, la diplomatie s’impose ! Nous avons des informations datant de 2009 mais le mieux est d’arriver comme si nous ne savions rien car sinon, ils acquiescent à tout ! Par ailleurs, nous convoquons les enfants de ces familles pour qu’ils écrivent des lettres à leurs parrains. A partir de là, nous discutons souvent entre nous sur la nécessité d’un « filtre » sans que celui  ci soit synonyme de « censure ».  Les parrains versent en effet une somme régulière en espérant sans doute améliorer le quotidien de leur filleul voire même lui assurer un avenir plus serein en lui finançant des études. Cet argent leur est versé mais les réalités sont telles que parfois, l’amélioration est à peine perceptible. Certains parrains sont sans doute tout à fait capables de le comprendre mais peut-être pas tous … Vendredi dernier, j’ai accompagné Perle, une mère de famille analphabète, pour écrire une lettre. J’essaye de retranscrire au plus près de la réalité. Sa maison a brûlé l’année dernière, sa maison actuelle est un taudis, elle est malade donc ne peux plus travailler …  Son récit était une litanie de désespoirs. Je lui ai alors demandé quels étaient ses petits bonheurs. Elle a sourit et a quand même évoqué ses enfants, qui en plus réussissaient bien à l’école. Faire des lettres authentiques sans brusquer les parrains pour qu’ils n’abandonnent pas leur engagement est un défi !

En classe, l’étude de la chanson de Maxime Le Forestier « Etre né, quelque part » a été passionnante !  Comme évoqué dans l’article précédent nous avons évoqué le racisme, la fatalité, l’immigration, l’égalité de droits… Pour poursuivre dans notre lancée mais également pour susciter l’imagination de ces jeunes, nous leur avons demandé d’écrire un petit texte sur leur vie s’ils étaient nés dans un autre pays, de leur choix ! Cet exercice fut une nouvelle fois très révélateur ! Au moment du choix des pays, ils se battaient tous pour prendre la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou le Japon … ils rêvent tous de grandeur, de richesse. Même celui qui est né en Inde ou en Jamaïque possède une villa de 3 étages avec piscine et entouré de buildings ! Malheureusement, ce qui est aussi flagrant, c’est la représentation souvent biaisé qu’ils se font des pays. Même à Washington, maman est lessiveuse et il y a 12 enfants dans la famille. Là, nous nous rendons compte à quel point ces élèves n’ont pas accès aux différentes sources qui pourraient les aider à se représenter ces contrées lointaines. La plupart n’ont même pas un dictionnaire chez eux alors ne parlons pas de TV ou d’Internet ! Heureusement qu’il y a l’école ? C’est sur … mais dommage que les cours soient si médiocres (je pèse mes mots et je ne vais pas m’énerver une nouvelle fois !) … Un binôme a choisit la Hongrie … quand ils nous l’ont annoncé, nous avons trouvé leur choix original. Là, nous passons dans les rangs et nous découvrons qu’ils ont mis en récit leur cours de géographie. « Encyclopédia Universalis, j’écoute » ! Tout y était … population, ressources du sous sol, superficie, capitale … il manquait juste le respect de l’ensemble des consignes que nous leur avions donné ! La plupart de ces jeunes apprennent et recrachent, sans réfléchir ! A l’inverse, nous avons assisté à un cours d’histoire géographie à l’école française d’Antsirabé. Un cours « à la française » où le prof accompagne les jeunes à avoir une logique, à lier les connaissances entre elles, à leur donner vie en les comprenant … Jeudi soir dernier, nous étions invités chez Claude et Roger, un couple de français résidants à Antsirabé depuis 15 ans. Ils nous racontaient que les médecins auprès de qui nous pouvions avoir confiance ne courraient pas les rues. Ces praticiens s’attèlent à faire 8 ans d’études mais avec quasi aucun stage ! Encore une fois, tout est théorique et l’état du système de santé à Madagascar s’en ressent !

Claude et Roger nous ont parlé de beaucoup de choses sur le pays… Dans un tout autre registre, ils nous racontaient à quel point beaucoup de « projets humanitaires » sont « à côté de la plaque » par rapport à la réalité du terrain. Par exemple, l’union européenne a voulu financer le creusement d’un immense bassin pour stocker de l’eau dans une ville complètement aride. Arrivée de tractopelles en masse, bassin creusé … jusqu’à ce que ces messieurs se rendent compte que le sol n’était pas imperméable ! Un magnifique trou d’obus décore aujourd’hui la ville ! Merci l’Europe ! Dans le même genre de conneries, d’immenses poubelles bleues bordent les rues d’Antsirabé. Ces dernières ont été posées par une ONG. Un emplacement pour les plastiques, un pour les papiers, un pour le verre … cette organisation non gouvernementale a voulu imposer le tri à des gens qui ne pensent même pas à jeter ! Résultat : Il s’agit de véritables décharges où des enfants tentent de trouver quelques « trésors » avant que les adultes n’y mettent le feu …Une asphyxie ! Ces projets partent sûrement de bonnes intentions mais une connaissance fine des réalités s’impose. Je me dis souvent qu’un partenariat avec des organisations locales devrait être imposé … encore faudrait-il que ces organisations locales existent ! La première des choses qui devrait exister ici, c’est un ETAT. Un état digne de ce nom prenant en charge les intérêts de l’ensemble de la population : éducation, santé, entretien des voies de communication, incitation à une production nationale ! Pour l’instant, c’est un guignol, ancien DJ’ sur la Côte d’Azur qui est au pouvoir ! Nous avons appris hier qu’il avait par exemple nommé un chanteur trop critique comme ministre afin qu’il se taise ! Quelqu’un d’autre veut intégrer l’orchestre ? Pas besoin d’avoir fait l’ENA ou science po !

A la coloc, ça ressemble plutôt au ministère de la connerie ! Voilà déjà un mois que le trio est réuni … les toilettes se recouvrent de post-it de nos phrases cultes, de celles de nos élèves ou de celles de Sœur Yvonne demandant à Lilian « Et toi Lilian, c’est comment quand tu déçois les femmes ? » ! Les gros délires, c’est aussi avec les collègues … vendredi soir, nous avons invité tout le monde à aller boire un verre en ville. Tout le monde était « euphorique » … c’était l’évènement de l’année ! On a bien dansé, bien bu, bien ri … une très chouette soirée pour connaitre ses collègues dans un autre contexte ! Malheureusement, une chose est lourde et le restera … nous sommes sans cesse considéré comme des « vaches à lait ». Nous sommes pourtant vigilants pour ne pas étaler notre « « « « richesse » » » », ne pas être en décalage avec le niveau de vie quand nous payons Claudine qui lave notre linge par exemple. Pourtant, c’était logique pour les 17 collègues qui étaient présents que nous allions payer la facture ! Oui nous allions en payer une grosse partie, oui ils ne seraient peut-être pas sortis sans ça mais cette manière d’être vu comme « un porte-monnaie sur pattes » est vraiment énervant même si finalement, nous le comprenons ! A cette soirée, nous avons aussi bien rigolé quand un mec inconnu du bar dit tout à coup à Lilian « ah mais oui, Céline, je la connais bien, c’est une amie » ! Il s’agissait tout simplement … du vendeur de chez Telma, là où je suis allée quelques fois pour acheter du crédit Internet ! Les malgaches sont au taquet pour  faire connaissance avec des vasahas ! Encore un truc dingue, ici !

Les week-ends sont souvent bien chargés. Nous avons découvert un village zafimaniry. Pour atteindre ce village, rando à travers la montagne, accompagné de Roger, notre guide. Des paysages grandioses … nous dominions les rizières, étions entourés de vastes montagnes qui parfois se cachaient dans les nuages. Un paysage mérité … la montée était raide ! Heureusement, nous nous arrêtions ici et là pour admirer un caméléon, pour écouter Roger nous raconter toutes les traditions tournant autour des stèles de commémoration des morts que nous trouvions le long du chemin. A chaque stèle correspond un défunt à qui l’on dédie cette plaque et le sacrifice de zébu qui accompagne sa pause. Par respect, nous ne devions pas montrer du doigt ces stèles. Enfin,  arrivés au village, nous avons découvert les désastre du tourisme. Lilian se plait à qualifier ces habitants de « demi-sauvageons muséifiés » ! « Demi-sauvageons », humour grinçant, je précise ! « muséifiés », on en est pas loin ! Nous sommes restés moins d’une heure dans ce village. A peine arrivés, des enfants se jettent sur nous pour nous demander de l’argent, des stylos, des bonbons, le bracelet ou le chapeau que nous portons … Ensuite, le guide nous accompagne dans le « parcours fléché » du village en passant chez le chef puis en terminant sur la « place centrale » pour les achats de souvenirs en bois sculpté, spécialité artisanale de cette ethnie. Voilà qui amène à se questionner sur le sens du tourisme ! Hélène et Lilian auraient préféré rester moins de temps plutôt que de soutenir ce genre de tourisme. Je ne suis pas forcément d’accord avec eux ! Au contraire, j’aurais préféré rester 3 jours pour rencontrer ces personnes et transformer ce tourisme et voyage. Les « sauvageons », là, c’était nous ! A l’inverse, samedi dernier, nous étions invités chez Yolande, une jeune fille parrainée. Elle habite dans un village à la sortie d’Antsirabé. Les habitants nous regardaient avec de grands yeux et n’hésitaient pas à nous sérer la main voire à nous faire entrer chez eux en ne cessant de nous dire qu’ils étaient heureux de nous accueillir dans leur village ! Ils voient un vasaha, « environ tous les 2 ans » ! Là, nous étions accueillis et nous découvrions la vie d’un village de cultivateurs, dans son authenticité ! Evidemment, ce village n’est pas répertorié dans le routard et tant mieux. C’est l’avantage d’être en mission longue dans un pays et de tisser des amitiés … les découvertes  sont souvent plus « vraies » !

Sinon, nous nous sommes accordé une semaine de pause tout les trois. Nous sommes partis sur la côte ouest de l’ile, vers Morondava. Nous aurions aimé faire la descente de la rivière Tsiribihina en pirogue ; le seul problème c’est que le guide du routard, des sites Internet ou même certains malgaches que nous connaissons déconseillaient d’entreprendre cette descente de trois jours pendant la saison des pluies. Comme les eaux avaient monté, les courants se trouvaient d’autant plus importants et les berges quasi inexistantes. Nous étions quand même tentés par l’aventure et nous avons donc rencontré des guides. Hélas, nous avons réellement eu l’impression qu’ils nous disaient ce que nous voulions entendre. La question sécurité ne les préoccupait pas, ils voyaient l’argent qu’ils allaient dégoter si nous partions avec  eux. Cette attitude ne nous a pas rassuré et sur les conseils de français d’Antsirabé, nous n’avons fait qu’une seule matinée de pirogue sur un des affluents de la Tsiribihina … un affluent qui nait seulement pendant la saison des pluies ! Pour le coup, ça n’était pas profond, nous étions parfois obligés de sortir de la pirogue pour la pousser ! Ambiance paisible qui nous changeait des taxi-brousses ! Pour un de nos trajets, un guide nous a proposé de monter dans un 4*4 qui allait dans la même ville que nous pour le même tarif qu’un taxi-brousse … Nous sommes alors montés mais nous nous demandions parfois si nous allions en redescendre … Elysé, le conducteur, faisait des pointes à 160 km/h sur des routes où zébus, hommes et enfants traversent … Par hasard, un chien a traversé, nous l’avons heurté … ça aurait pu être un enfant et ça l’est sûrement parfois ! Ici, on est souvent amené à se questionner sur la valeur d’une vie humaine … C’est horrible à avouer mais le nombre d’enfants dans une famille a sûrement une part de responsabilité dans cette « « « « acceptation » » » » de la mort !

Finalement, nous sommes arrivés à bon port. A Miandrivazo, une de nos haltes sur le chemin, un homme entre dans notre taxi brousse. Là, il nous dit, « c’est vous Céline ? Vous habitez Antsirabé et avez rencontré Claudia, une guide, pour descendre la Tsiribihina, n’est ce pas ? » ! Nous étions à plus de 200 kms de chez nous et un homme nous attendait et semblait nous « connaitre » ! Eh oui, nous sommes en basse-saison et les guides sont au taquet pour accaparer le moindre touriste ! Ce « bouche à oreille » est incroyable ici ! Il nous a permis de rencontrer Jacques, un guide tout à fait sympathique !

Pendant ce périple, nous avons découvert la célèbre « allée des baobabs » ! Piste de terre rouge et 4L avec bain de pieds intégré quand nous passons dans des « flaques d’eau » ! Le lendemain, 2h de piste pour atteindre la forêt de Kirindi. C’est une  forêt sèche de 12500 hectares. Pour la première fois, j’ai réellement eu l’impression de me retrouver « au milieu de nulle part » ! Au milieu de nulle part mais pas seuls … il suffit de faire quelques pas et là, sursaut, un iguane est devant toi ! Tu lèves les yeux au ciel et tu te trouves nez à nez avec une bande de lémuriens (et là, tu continues tout seul parce que Hélène les prends en photo sous toutes les coutures et Lilian essaye de toucher leur queue !). Quand tu approches des flaques d’eau stagnantes, tu commences à regretter d’être là car des espèces de mouches urticantes s’accrochent à toi et te piquent ! Pourtant, tu continues d’avancer et là, tu découvres un magnifique serpent … Une journée sympathique qui s’est terminée par une escapade nocturne pour découvrir des espèces de lémuriens ne sortant que la nuit !

Dans quelques jours, Mélanie, Guillaume, Guillaume et Jeanne GUILLAUME, quatre amis de France, arrivent pour participer à la vie du centre puis descendre, à 7, sur la RN7 pour découvrir le sud du pays … suite dans le prochain article !

Veloma

Céline

 

 

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G
olalala impressionnant ces arbres !! encore plus balaises que les séquoias !! nan nan nan ils sont impressionnants !!! just incredible !!! ahhh certains vivent des aventures de fou ... pendant que<br /> d'autres se tapent à rédiger des ;;;;;;;;;;; de mémoire inintéressants au possible !!!! enjoy enjoy enjoy !!!
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J
olala j'avais pas vu les nouvelles photos. m-a-g-n-i-f-i-q-u-e tant du côté des paysages que des gens !! et toi qu'est ce" que tu as blondi !!! dis donc !! olala pourquoi suis-je en année concours<br /> non de non !!!??? j'aurais trop aimé venir !! mais grave trop de chez grave trop tu vois l'affaire quoi !!!
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G
helloooooo !!! bon je viens de técrie un commentaire génialisimo fantastique et sauf que grosse pas douée, j'ai cliqué sur fermer !! bref, je vois que to n aventure humaine est toujours aussi<br /> passionante !!! et oui, des porte feuilles sur pattes, voila ce qu'on est! jai eu le même sentiment en Inde. Mais bon, peut-on y remédier ?<br /> <br /> allez bon voyage ma pooule !! and take care vahasa !!
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